Handisport : jeux paralympiques – comment le regard de la société sur le handicap a-t-il évolué ?

Depuis des décennies, le Groupe APICIL soutient activement le handisport, un engagement qui a trouvé un écho particulier avec les Jeux Paralympiques de Paris 2024.

Présentés comme un vecteur de transformation sociale, ces Jeux ont tenu leur promesse, en offrant une visibilité sans précédent aux athlètes en situation de handicap et en catalysant des avancées majeures en matière d’accessibilité. Décryptage avec Véronique Roux, chargée de développement Ressources Humaines et Social chez APICIL, et Maxime Thomas, pongiste handisport.

Une promesse de transformation sociale

Faire du sport un levier pour modifier le regard de la société sur le handicap. L’ambition des Jeux paralympiques a été répétée à l’envi par les organisateurs pendant des mois. Le 28 août 2024, devant 50 000 spectateurs, Tony Estanguet, président du comité d’organisation, n’a pas hésité à parler de « révolution », appelant « à changer de regard, changer d’attitude, changer de société pour donner enfin toute sa place à chacun »[1].

[1] « Discours officiel de Tony Estanguet, prononcé lors de la Cérémonie d’Ouverture des Jeux paralympiques de Paris 2024 », Paris 2024, 28/08/2024.

Les Jeux Olympiques et Paralympiques, évènements planétaires incontournables, ont permis de placer le sujet du handisport au cœur des débats publics. Un sujet sur lequel le Groupe APICIL est engagé depuis de nombreuses années. « La sensibilité pour le handisport remonte à plusieurs dizaines d’années, raconte Véronique Roux.

C’est venu logiquement, en lien avec notre métier, c’est-à-dire d’accompagner les personnes en cas d’accident de la vie. Les bienfaits du handisport, qu’il s’agisse de lien social ou de santé, nous sont apparus très tôt. »

Aujourd’hui, l’engagement d’APICIL se traduit notamment par un partenariat officiel avec la Fédération Française Handisport, mais également un soutien à une Team Handisport, constituée de 7 handisportifs de haut niveau, la « Team APICIL ». Deux d’entre eux ont participé aux Jeux paralympiques : Élise Marc, 4 fois championne du Monde de paratriathlon, et Maxime Thomas, multimédaillé paralympique en tennis de table. « Nous avons abordé la compétition avec beaucoup de joie et une immense fierté d’accueillir les Jeux Paralympiques en France, souligne Véronique. Nous avions cependant une grosse frustration de ne pas pouvoir être au plus près des sportifs que nous soutenons, car la réglementation était très stricte. »

Un succès populaire et médiatique

Avec 2,575 millions de billets vendus et près de 50 millions de téléspectateurs, les Jeux Paralympiques de Paris 2024 ont été un triomphe[1].

[1] Gabriel Joly, « 2,5 millions de billets vendus, quasi 49 millions de Français devant la télévision… La réussite des Jeux paralympiques de Paris 2024 en chiffres », franceinfo, 09/09/24.

Maxime Thomas se souvient d’ « un engouement exceptionnel, d’une ferveur incroyable, du début à la fin. En termes de fréquentation et d’ambiance, c’était incroyable ! Et je pense que ce qui restera, c’est qu’on parlait de sport avant tout. Les gens se souciaient peu de savoir s’il s’agissait des Jeux Olympiques ou Paralympiques, ils suivaient des compétitions, des sportifs… Nous étions considérés, non pas à travers nos handicaps, mais pour nos performances, comme les autres athlètes. »

Dans ce contexte, la démarche de France Télévisions qui a assuré une retransmission complète des Jeux Paralympiques, ou celui du comité olympique qui a assuré un traitement et des dispositions similaires pour les deux Jeux, est unanimement salué. Le grand public retient notamment les images de la parade des champions, rassemblant près de 300 athlètes olympiques et paralympiques sur les Champs-Élysées le 14 septembre[1], ou encore, la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques, saluée à travers le monde entier.[2]

[2] Antoine Huot de Saint Albin, « Jeux paralympiques 2024 : “Un adieu mémorable”… La presse étrangère unanime sur l’électronique cérémonie de clôture », 20 minutes, 09/09/2024. URL : Jeux paralympiques 2024 : « Un adieu mémorable »… La presse étrangère unanime sur l’électronique cérémonie de clôture.

« Les Jeux Paralympiques ont mis un véritable coup de projecteur sur le handicap, et ce qu’il signifie au quotidien, ajoute Véronique. Nous avons découvert le parcours des parasportifs, leurs performances, leur entourage… Et puis, plus largement, la diversité du handicap, notamment en raison des catégories, complexes, qui existent dans les disciplines. »  

Une sensibilisation bienvenue alors qu’il existe toujours une méconnaissance de la diversité des handicaps, le fauteuil roulant restant l’image dominante pour les ¾ des Français, selon une enquête de l’ifop[3]. Pourtant, 80 % des handicaps sont invisibles, rappelle la Délégation ministérielle à l’accessibilité[4].

[3] « Le regard des Français sur le handicap avant les Jeux Olympiques et Paralympiques », Sondage ifop/APF France handicap, 01/03/2024.
[4] Eric Alexandre, « Petit memento sur le handicap à l’attention des personnes présumées valides », Délégation ministérielle à l’accessibilité.  

Objectif : un héritage durable

Si ces Jeux ont permis d’accélérer la mise en œuvre de projets d’accessibilité, dans les transports et les espaces publics notamment, un effort spécifique a également concerné l’univers sportif. De nombreuses installations ont été rénovées ou construites selon des normes d’accessibilité universelle. Le handisport a lui aussi connu un coup d’accélérateur.

« Nous pouvons être fiers, à la fois de l’organisation et des résultats sportifs, se réjouit Maxime.  Nous avons relevé un gros défi, beaucoup de moyens ont été investis pour que la France se hisse au top des nations aux paralympiques. Il faut désormais poursuivre nos efforts, pour rester au niveau, et performer notamment dans 4 ans aux prochains Jeux Paralympiques. Nous devons également être en capacité de former des encadrants et de proposer plus de lieux d’accueils, afin de mettre le handisport à la portée de tous. »

Dans cette perspective, le comité paralympique et sportif français a affiché l’objectif de créer un réseau de 3 000 clubs para-accueillants à travers le pays[1].

[1] « Club inclusif », France Paralympique.

Cette disposition viendra répondre à un réel besoin : sur les 12 millions de Français concernés par un handicap, 47 % seulement pratiquent une activité sportive régulière alors que 70 % se disent intéressés par le sport.[2]

[2] Paris 2024 : l’État se mobilise en faveur de l’accessibilité et du parasport (handicap.gouv, 30/04/2024)

« Les premiers athlètes paralympiques ont ouvert la voie sur la connaissance du sport paralympique, par le public, les médias et les partenaires, ajoute Maxime. J’espère que cette reconnaissance va se poursuivre dans les années à venir, pour aider les jeunes générations à poursuivre une pratique sportive. »

Une aventure collective

Une plus grande connaissance du sport paralympique par le grand public, les médias ou les organismes publics permet aux athlètes de trouver des partenaires et des sponsors pour les accompagner dans cette aventure. Une donnée essentielle lors d’une pratique sportive à haut niveau.

« Je suis sportif de haut niveau depuis une vingtaine d’années, mais je ne peux faire appel à un préparateur sportif que depuis cinq ans, souligne Maxime. Financièrement, entre les entraînements, les déplacements, le matériel, mes inscriptions sur les tournois, je ne pouvais pas me le permettre avant. »

Face à cette problématique, APICIL s’engage depuis de nombreuses années, et sponsorise aujourd’hui sept parasportifs de haut niveau. « Pour performer, les athlètes ont besoin d’un soutien financier, sans quoi ils n’ont pas accès aux salles, à un coaching adapté, à des soins qui ont un coût important, précise Véronique. En retour, les sportifs que nous soutenons réalisent des interventions auprès de nos collaborateurs et de nos clients ou partenaires. Ils partagent leur histoire, mais plus que du handicap, ils parlent de leur performance, de l’importance du collectif, de la résilience, du changement… » Ces thématiques sont fortement appréciées par les collaborateurs APICIL, et ils ont été nombreux à aller encourager les athlètes lors des Jeux Olympiques et Paralympiques.

L’athlète parasportif Jordan Broisin, de la team APICIL a également participé aux Jeux Olympiques comme bénévole. « Il y a eu une réelle émulation autour des Jeux, ajoute Véronique, c’était beaucoup d’énergie, de partage. Cette aventure était autant individuelle que collective et dépassait la question du handicap. » Un point de vue partagé par Maxime.

« Nous n’avons pas parlé seulement de handicap, mais de dépassement de soi, de persévérance, de solidarité… C’était un réel engagement collectif et sociétal, qui a permis l’éclosion des personnes soutenues. Mais APICIL n’a pas attendu pour s’engager sur ces sujets : presque vingt ans de partenariat pour ma part ! ».

Maxime Thomas

Si les Jeux Paralympiques de Paris 2024 ont indéniablement contribué à faire évoluer les mentalités et à mettre en lumière les enjeux liés au handicap, le chemin vers une société pleinement inclusive reste encore long. L’héritage durable de cet événement dépendra de la capacité à maintenir cette dynamique positive sur le long terme. Fidèle à ses engagements historiques, APICIL, y contribuera. « Nous avons une réelle volonté de renforcer notre engagement et de mieux communiquer sur nos actions, afin de participer au rayonnement du handisport. Nous avons une légitimité à continuer d’en parler et toute une Team avec nous, qui a l’envie de transmettre », conclut Véronique.