Le “care management” connaît un développement grandissant, pour assister les personnes âgées et leurs aidants. Objectif : un maintien à domicile le plus long et le plus sûr possible. En quoi consiste le métier de coordinateur autonomie ? Quels sont les enjeux de ce nouveau secteur de la santé ? Éclairage au sein d’Autonomia, une société du groupe Oui Care, avec Claire Peillon, coordinatrice, et Victor Perrazi, son directeur.
Claire Peillon est coordinatrice autonomie sur le bassin lyonnais. Elle fait partie d’une équipe de six conseillers Autonomia en France. Chacun d’entre eux développe, sur sa région, des services et prestations locaux. Infirmière de formation, après une expérience à l’hôpital en urgence et des interventions auprès des plus fragiles, Claire s’est orientée vers le grand âge.
Victor Perrazi, Aixois, est directeur d’Autonomia au sein du groupe Oui Care, après avoir été à la direction de plusieurs établissements de santé. Il a lancé Autonomie Planners en 2018 (soutenu par Apicil) à Aix-en-Provence, qui a fusionné en 2022 pour devenir Autonomia. Il coordonne les actions entre les conseillers.
L’importance de garder nos aïeux chez eux
Quel est l’enjeu à maintenir les personnes âgées chez elles ?
Victor Perrazi : Sur le plan sociétal, l’orientation a été donnée récemment, en 2015, avec la loi d’adaptation de la société au vieillissement. Son ambition : une adaptation globale de notre société aux problématiques du grand âge. Elle constitue un grand pas vers le virage domiciliaire. Car aujourd’hui, avec la génération des papy-boomers, de nombreuses personnes vont être à accompagner et il nous faut être capables de leur proposer des solutions. Or, rester à domicile est bien moins onéreux qu’une solution en Ehpad ou maison de retraite. Autonomia intervient en tant qu’aide aux aidants, pour une relation aidant-aidé plus fluide.
Claire Peillon : En effet, dans ce couple aidant-aidé, on ressent beaucoup de culpabilité lorsque la personne âgée est placée en institution. Et si l’Ehpad est un maillon essentiel, il a tendance à déshumaniser cette dernière. Les coordinateurs autonomie ont au contraire la tâche de garder le lien social de la personne âgée avec l’extérieur.
Rester à domicile : comment évite-t-on l’entrée en Ehpad ?
Claire Peillon : Bien souvent, l’élément déclencheur, c’est une chute, un accident de vie à domicile. Sinon, c’est l’épuisement de l’aidant. Autonomia intervient alors en prévention et en soutien, pour éviter toute crise qui déclencherait une entrée en Ehpad.
Victor Perrazi : Une baisse cognitive, une modernité qui dépasse, des capacités à se déplacer qui s’amoindrissent… les explications d’une entrée en institution sont multiples, mais le constat est souvent amère : l’entourage n’a pas pu ou pas su s’organiser avant. Malgré tout, des millions d’aidants jouent ce rôle de coordination pour le maintien à domicile en France, mais ils ont besoin d’un pilote sur lequel s’appuyer.
Un métier dédié au mieux-être
C’est quoi, un coordinateur autonomie ou conseiller grand âge ?
Claire Peillon : Pour poser un diagnostic sur la personne âgée et ses capacités, nous allons plus loin que les grilles habituelles en prenant en considération son sentiment quant aux actions à réaliser. Et quand on commence le suivi, on propose un accompagnement à long terme, régulier, pour instaurer une confiance. Ainsi, on devient la tête pensante, le chef d’orchestre de l’organisation, pour prendre les rendez-vous médicaux notamment et pour la partie administrative. Et quelle satisfaction autour de toute une famille quand la personne âgée peut rester chez elle !
Victor Perrazi : Tout ceci est un soulagement pour l’aidant principal, qui peut ainsi se décharger d’une partie de sa charge mentale. Notre conseiller grand âge joue le rôle de sentinelle. C’est d’ailleurs un savoir-être sur lequel nous sommes attentifs en recrutement : ce sens de l’autre, cette écoute, cet engagement. Il est de ma mission, en retour, de veiller à ce que la charge mentale de mes équipes soit gérable.
Le care management, un métier d’avenir : et la suite ?
Victor Perrazi : Nous faisons partie du collectif « Les coordinateurs autonomie de France ». En tant que précurseurs, nous comptons contribuer à la professionnalisation de ces métiers, notamment à travers une formation Bac+5 qui débute en décembre 2022. Enfin, pour début 2023, nous planchons sur une offre spéciale salariés en entreprise, car on sait combien un employé peut être impacté par sa fonction d’aidant dans sa vie professionnelle.